jeudi 22 novembre 2012

Caligula


CALIGULA - ALBERT CAMUS

Caligula est un jeune et sensible empereur de Rome. Après la mort de sa soeur (et amante?) Drusilla, il perd la raison, demande la lune, installe une dictature (pardon pour le terme anachronique) sanguinaire où il s'applique à tuer arbitrairement tous ses sujets. Agissant de manière absurde et imprévisible, disant aimer la mort et ainsi vouloir celle des autres mais n'avoir rien contre la sienne, il nourrit sa tyrannie tout en étant parfaitement conscient qu'elle fabrique dans la tête de ses sujets des idées de complot.
"Ange en quête d'absolu? Monstre sanguinaire?" Caligula est désigné sur le quatrième de couverture comme une des figures les plus troublantes de notre théâtre - et j'acquiesce tout à fait. Contrairement à certains personnages du théâtre contemporain, il n'est pas simplement violent, 'trash' et provoquant juste pour la forme ou pour provoquer le spectateur. On assiste, devant son règne et ses questionnements, à une véritable recherche, un questionnement, un mélange qui s'est fait à la mort de sa soeur (et peut être avant) et qui n'arrive pas à se démêler. On le voit lutter, un peu. On est absolument d'accord avec le sentiment que Scipion et Cherea ont à son égard: c'est un monstre dans ses actes, oui, mais on ne le hait pas pour autant. A l'inverse, on est incapable d'éprouver une réelle tendresse pour lui. Sa recherche d'absolu semble être quelque chose d'inatteignable, et qui d'une certaine manière le met lui même hors de portée.

La construction du personnage mise à part, ce qui m'a véritablement marquée ce sont la scène Cherea/Caligula et la scène Scipion/Caligula. Peut être parce que ça chamboule le personnage de fou en le mettant en présence de personnage qui réfléchissent un peu plus que les patriciens (qui sont des figurants dans cette histoire - ou plutôt des pions), et que ça le fait évoluer sous nos yeux. Peut être parce qu'on se pose les mêmes questions qu'eux.
Mais voilà, en venant de reposer l'ouvrage pour la dernière fois, j'ai quand même une sensation de manque, un trouble qui fait que je n'ai pas pu totalement apprécier (et peut être même "je n'ai pas pu apprécier l'oeuvre à sa juste valeur") ce que j'ai lu. Peut être est-ce une incompréhension, peut être est-ce que j'ai vraiment très envie/besoin de le voir jouer maintenant pour que certains motifs fassent sens, parce que ça reste imprécis - je n'en sais rien, mais c'est très frustrant. Il est dit dans le dossier à la fin de l'oeuvre qu'il faut compléter sa lecture par celle du Mythe de Sisyphe et de la Chute - je vais donc m'y atteler en espérant combler ce manque!

CITATIONS:

"HELICON - Il faudra patienter, voilà tout. Il faut un jour pour faire un sénateur et dix ans pour faire un travailleur.
CALIGULA - Mais j'ai bien peur qu'il en faille vingt pour faire un travailleur d'un sénateur."

"HELICON - On meurt parce qu'on est coupable. On est coupable parce qu'on est sujet de Caligula."

BILAN:

12/20
Je pense que c'est à lire. Je pense que je vais devoir le relire plusieurs fois au fil du temps pour combler cette sensation de manque - de pièce de puzzle manquante. Je sens que c'est important, que les questionnements qui s'y posent sont beaux et intéressants - et puis, honnêtement, le personnage de Caligula vaut largement le coup.
Pour être plus concrète, j'ajouterai que Camus, lui, est un vrai tyran des didascalies! En tant que théâtreuse qui n'aime pas tellement lire du théâtre mais plutôt le jouer, je me suis sentie un peu agressée/agacée par le nombre de didascalies que Camus mets, qui me semblent parfois inutiles et en tout cas réductrices et qui ont tendance à bloquer la liberté d'imaginer l'oeuvre en scène qu'on pourrait avoir.
Pour éviter de finir sur une note (franchement négative) j'ajouterai que ce n'est vraiment pas long à lire du tout - ben voui c'est du théâtre - et que je serais très curieuse de lire vos avis!

A bientôt :)


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